Communiqué conjoint de l'Union Européenne et ONU Femmes à l'occasion de la Journée Nationale de la Femme

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La journée nationale de la femme marocaine, célébrée le 10 octobre de chaque année, constitue une occasion privilégiée de marquer les avancées enregistrées par le Maroc en matière de protection et de promotion des droits humains des femmes. Ces progrès ont, au cours des dernières années, été nombreux et importants. 2015 a vu la tenue d'élections municipales et régionales qui ont permis aux femmes d'occuper un tiers des sièges dans les régions, bien qu'elles n'aient pu accéder à aucune présidence de Conseil régional. Au niveau des communes, la représentation politique des femmes a connu une évolution significative, passant en à peine 7 ans de moins de 1% en 2008 à plus de 21% en 2015, même si ce taux reste en-deçà du seuil à franchir, un tiers des élus, pour que les femmes puissent avoir un véritable impact sur les processus de prise de décision. 

En parallèle de ces progrès, le Maroc est appelé à répondre à des défis importants qui relèvent non seulement d'un impératif de droits humains mais aussi d'une exigence incontournable pour l'atteinte d'une croissance durable et d'un développement social inclusif. La violence à l'égard des femmes et filles reste un phénomène social trop largement répandu, qui touche, selon l'enquête de prévalence du Haut-Commissariat au Plan en 2009, 62,8% des femmes du pays. La participation des femmes à l'économie nationale demeure, elle aussi, un objet de préoccupation important pour la société toute entière, puisque le taux d'activité des femmes est non seulement très faible - 3 fois inférieur à celui des hommes - mais qu'il a, de surcroît, enregistré une baisse inquiétante de 5,7 points entre 1999 et 2012. Le taux d'analphabétisme des femmes en milieu rural, qui était encore de 55% en 2012 selon une enquête de l'Agence Nationale de Lutte contre l'Analphabétisme, reste un obstacle important à l'autonomisation des femmes. Enfin, le taux de mariage des filles mineures, bien qu'il ait connu une décroissance pendant plusieurs années, constitue une atteinte aux droits et à l'intégrité physique des filles. 

Relever ces défis nécessite, également, la mise en place des organes constitutionnels en charge de la protection et de la promotion des droits humains des femmes. La Constitution marocaine de 2011 a en effet ouvert des perspectives prometteuses de levée définitive de toutes les discriminations subsistantes à l'encontre des femmes et prévu la création de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toute forme de discrimination (APALD). Afin d'être en mesure de réaliser les principes et d'atteindre les objectifs établis par la Constitution, l'APALD doit être dotée d'un statut et composée de membres qui, à l'instar d'autres instances constitutionnelles déjà en place, lui confèrent l'expertise et l'indépendance requises pour mener à bien son mandat. 

En cette journée de célébration des droits de la femme marocaine, nous formulons le voeu qu'un projet de loi sur l'APALD garantissant la mise en oeuvre des dispositions prévues par la Constitution en matière d'égalité, de parité et de lutte contre toute forme de discrimination soit incessamment présenté en session parlementaire afin de soutenir le projet d'une société sans violence et sans discrimination à l'égard des femmes vers lequel le Maroc a fait le choix de se diriger.