Conférence « Parité en entreprise au Maroc : pourquoi et comment dépasser le vœu pieux ? »

A l’occasion de la Journée internationale de la femme, ONU Femmes et l’ESSEC Afrique ont organisé le mercredi 20 mars 2019 une conférence sur le thème « Parité en entreprise au Maroc : pourquoi et comment dépasser le vœu pieux ? ».

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Cette conférence visait à sensibiliser les entreprises installées au Maroc à l’importance de la parité en entreprise et à leur fournir des solutions concrètes pour y parvenir.
La Représentante d’ONU Femmes à Rabat, Leila Rhiwi, a ainsi rappelé le double enjeu de droits humains et de développement économique inclusif de la parité en entreprises.  Elle a ainsi affirmé que « les femmes marocaines devraient en vertu des conventions internationales signées par le Maroc et de sa constitution de 2011, accéder au même titre que les hommes marocains, et aussi facilement que ces derniers au marché de l’emploi, aux entreprises, et aux instances de décision de celles-ci. » avant de souligner que « le manque de parité du marché de l’emploi, aux trois niveaux [effectif, direction, et gouvernance] représente un manque à gagner de 30 Milliard d’USD de PIB pour le Maroc à horizon 2025 selon McKinsey & Company. » 
Un manque à gagner important selon Ghizlane Tazi, Chef de projet à McKinsey, et qui dans sa présentation de l’étude « Women Matter Africa » a souligné avec une série d’indicateurs les gains potentiels en compétitivité qu’une plus grande parité en entreprise engendrerait pour les acteurs du secteur privé avant de dresser un état des lieux de la parité des équipes dirigeantes au Maroc. 
Cette étude dont les chiffres révèlent des disparités en termes de promotion, seules 36% des promotions d’une année à l’autre sont accordés à des femmes, et d’accès aux instances dirigeantes des entreprises, seules 2% de femmes PDG au Maroc et 13% de femmes dans les équipes de direction (contre une moyenne africaine de 23%), montre qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de parité.      
 
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Panel sur les initiatives éprouvées par des entreprises modèles au Maroc pour l'amélioration de la parité des équipes dirigeantes Photo : ONU Femmes 
Les échanges ont ensuite porté sur les bonnes pratiques d’amélioration de la parité aux niveaux des cadres, des instances de direction et des instances de gouvernance éprouvées par des entreprises considérées comme modèles en la matière, à l’instar de la BMCI, du Groupe OCP Maroc. Ainsi,  Aalya Ghouli Responsable du Marketing, Innovation, Digital et Stratégie à la BMCI et Bahiya Hanoun Chargée de mission auprès du Cabinet du PDG du groupe OCP ont exposé les initiatives mises en place avec succès par leurs entreprises respectives. Rajae Tazi Sidqui, Chargée de mission RSE et label à la CGEM a, quant à elle, souligné l’importance de la prise de conscience et de l’engagement des entreprises Pour une atteinte de la parité effective en entreprise.
Cette rencontre a aussi permis de présenter les « Principes d’autonomisation des femmes », qui sont un ensemble de charte, outils et de processus RH développé par ONU Femmes, pour accompagner les entreprises souhaitant atteindre la parité dans leur effectif, direction, et gouvernance. Ce sont 2 201 entreprises dans le monde qui ont adhéré à ce jour à la charte « Principes d’autonomisation des femmes » et ont initié, avec l’appui d’ONU Femmes la mise en place des outils et processus RH recommandés.
La discussion a été étoffée par les interventions de Zineb Baïz, fondatrice de Mentor’Elles, sur le rôle du mentoring dans l’accompagnement de jeunes professionnelles et l’accroissement de leur leadership.
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Photo : ONU Femmes
Enfin, la conférence a connu un moment fort, celui de la présentation par Lamia Merzouki, Directeur Général Adjoint Casablanca Finance City, de son parcours, de ses recommandations pour concilier de vie professionnelle et vie privée, ainsi que les leviers possibles pour accéder aux postes de direction et de gouvernance.
Les divers interventions et témoignages ont été suivis, en guise de conclusion, par un débat portant sur la marche à suivre en vue de garantir des progrès plus substantiels quant à la question de la parité en entreprise et de garantir à terme un cheminement professionnel plus équitable aux femmes au sein de ces structures.