Maroc : Journée d’étude sur la coordination intersectorielle de la prise en charge des femmes et des filles victimes de violences

Dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 103.13 relative aux violences faites aux femmes et à l’adoption du décret précisant les mécanismes de coordination, la Direction Générale de la Sûreté Nationale et ONU Femmes ont organisé jeudi 26 septembre 2019 une journée d’étude portant sur le thème de « la coordination intersectorielle de la prise en charge des femmes et des filles victimes de violences » à l’Institut Royal de Police de Kénitra. La journée avait un double objectif : le suivi de la mise en œuvre de l’Article 10 de la loi 103.13 sur les cellules d’accueil et d’écoute pour femmes victimes de violence, et l’échange sur les mécanismes de coordination créés par le décret d’application n° 2.18.856.

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Credits Photo : DGSN

De gauche à droite : Mme RHIWI Leila – Représentante du Bureau Multi Pays Maroc de l’ONU Femmes, M. Mohamed Dkhissi – Directeur de la Police Judicaire, M. Mohammed Zakaria – Directeur de l’Institut Royal de Police de Kénitra, lors de la Cérémonie d'ouverture de la journée d'étude sur la coordination intersectorielle de la prise en charge des femmes et des filles victimes de violences.  Crédits Photo : DGSN

Un an après l’entrée en vigueur de la loi 103.13 relative aux violences faites aux femmes, les secteurs concernés par l’Article 10 de la loi sur les services institutionnels d’accueil et d’écoute des femmes victimes de violence ont chacun adopté des mesures internes pour aligner leur organisation aux nouvelles dispositions légales. En effet, bien que des cellules aient déjà été opérationnelles depuis plus de dix ans, dont les premières cellules policières créées en 2007, elles étaient jusqu’alors de l’initiative propre de chaque secteur. La loi 103.13, redéfinissant le rôle de ces cellules et l’uniformisant pour tous les secteurs concernés, a demandé un effort de reconceptualisation par les départements sectoriels.

Pour marquer le lancement de cette journée d’étude sur la coordination intersectorielle en matière de prise en charge des femmes et des filles victimes de violences, Monsieur Mohammed Dkhissi, Directeur de la police judiciaire a rappelé « le défi universel que sont la protection, la prévention et la coordination ».

Mme Leila Rhiwi, Représentante du Bureau Multi pays Maroc d’ONU Femmes, a souligné à son tour l’importance majeure de la coordination dans la prise en charge des femmes et des filles victimes de violence, rappelant que « la coordination est synonyme de cohérence des messages et interventions destinés aux victimes, auteurs de crimes et communautés. Le partage des systèmes de données peut appuyer la gestion des cas individuels, tels que le fait de garantir une réponse appropriée aux résultats d’une évaluation des risques en continu. En outre, ces systèmes peuvent servir de source d’informations pour le suivi et l’évaluation du programme national de réponse. ».

Dans ce cadre, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a développé des efforts dès l’adoption de la loi 103.13. Monsieur Mohamed Dkhissi, a ainsi exprimé l’engagement de son institution « à aller au-delà de l'accueil des femmes victimes de violence pour assurer leur prise en charge et l'administration des soins ». Cet engagement s’est manifesté par l’adoption par la DGSN d’un plan de restructuration des 132 cellules de prise en charge des femmes victimes de violence réparties dans l’ensemble du territoire national. Ces cellules s’appuieront également sur un réseau de 437 chargé·es d’accueil au sein des arrondissements de police.

Cette journée a permis à l’ensemble des départements ministériels concernés, Ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Egalité et du Développement Social, Ministère Public, Ministère de la Justice, Ministère de la Santé, Ministère de la Jeunesse et des Sports et Gendarmerie Royale de chacun présenter les actions entreprises par leur département pour la mise en place des cellules de prise en charge des femmes victimes de violences.

Ces présentations ont permis d’avoir un aperçu global du circuit de prise en charge tel qu’institutionnalisé par la loi 103.13.

La deuxième partie de la journée était consacrée à la coordination de cette chaîne de services multisectoriels dans l’objectif d’assurer une prise en charge de qualité et opérationnelle des femmes et des filles victimes de violence. Une présentation sur les normes et standards internationaux en matière de coordination des services de prise en charge des femmes et des filles victimes de violences a ouvert la discussion entre les représentant·es et agents de terrain des différents secteurs sur les défis quotidiens de la coordination des réponses sectorielles. Cette première journée d’échange a permis la formulation de recommandations concrètes telles que l’élaboration d’un guide de référence conjoint à l’ensemble des départements ministériels pour une réponse harmonisée aux violences faites aux femmes et aux filles, ou encore l’organisation de rencontres de coordination régulières pour optimiser la prise en charge des femmes et des filles victimes de violence.

Cette journée était organisée dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Prévention, protection et réponse aux violences faites aux femmes et aux filles au Maroc » appuyé par le Gouvernement du Canada.