Formation des agents de police sur les normes et standards internationaux de prise en charge policière des femmes victimes de violences

Dans le cadre des efforts d’amélioration des services pour les femmes et les filles victimes de violence, la Direction Générale de la Sûreté Nationale et ONU Femmes ont organisé en décembre 2019, deux sessions de formation de formateurs·trices sur les normes et standards internationaux de prise en charge policière des femmes victimes de violence, à l’Institut Royal de Police de Kénitra (Maroc).

Date:

Picture DGSN

Formation de formateurs·trices sur les normes et standards internationaux de prise en charge policière des femmes victimes de violence: activité de groupe sur les perceptions de la violence à l’égard des femmes avec les participant·e·s de la DGSN. le 16 décembre 2019 à Kénitra, Maroc. Photo : © ONU Femmes

Le Haut-Commissariat au Plan a révélé en décembre les premiers résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes au Maroc, dont il est ressorti qu’au cours des 12 derniers mois, seules 10,5% des victimes de violence ont déposé une plainte auprès de la police ou d’autres autorités compétentes. Ce taux s’élève à 18% pour les victimes de violence physique, et à seulement 3% parmi les victimes de violence sexuelle. Elles sont moins de 8% à le faire en cas de violence conjugale.

Ainsi, afin de renforcer les efforts pour la protection des victimes de violence et un peu plus d’un an après l’entrée en vigueur de la loi 103.13 relative aux violences faites aux femmes, la Direction Générale de la Sûreté Nationale a œuvré pour la réorganisation des cellules d’accueil existantes depuis 2007 conformément à la description de l’article 10 qui définit la composition des cellules d’accueil et d’écoute pour la protection des femmes victimes de violence. Le décret d’application prévoit également la gestion courante de la cellule de prise en charge par au moins un Officier de Police appuyé par des agents de la sûreté nationale.

Dans ce contexte, parmi les efforts déployés pour la reconversion des cellules policières, la DGSN et ONU Femmes ont développé un plan de formation de l’ensemble des agents, lancé en décembre par une  formation de formateurs et de formatrices sur les normes et standards internationaux en matière de prise en charge policière des femmes victimes de violence. À l’issue de cette première formation, les meilleurs profils seront identifiés et seront accompagnés au premier semestre 2020 avec des outils et techniques d’andragogie, science de la formation pour adultes. Les formateurs et formatrices, en poste dans tous les commandements du Maroc, seront ensuite mandatés pour transmettre les capacités acquises en termes de prise en charge des femmes victimes de violence à l’ensemble des agents de police affectés aux 132 cellules de prise en charge des femmes victimes de violence et 437 commissariats des arrondissements de police. 

La première session de formation des formateurs et formatrices a été lancé le lundi 16 décembre 2019 pour une durée totale de deux semaines au sein de l’Institut Royal de Police de Kénitra. Du 16 au 20 décembre, un premier groupe de 25 chef·fe·s de cellules de prise en charge de femmes victimes de violence a été formé par une experte internationale en prise en charge policière des femmes victimes de violence. Cette même formation a été dupliquée du 23 au 27 décembre avec un deuxième groupe de 20 chef·fe·s de cellules. Cette première formation a été axée autour de plusieurs modules : initiation aux cadres normatifs national et international relatif à la lutte contre les discriminations fondées sur le genre, les concepts fondamentaux du genre et violence fondée sur le genre, l’approche holistique de prise en charge des victimes de violence (4 P), les techniques d’accueil des femmes victimes de violence et outils de prises en charge ou encore les techniques d’investigation dans le traitement de cas de violences physiques.

pic 2 DGSN 

Cérémonie de clôture de la Formation de formateurs·trices sur les normes et standards internationaux de prise en charge policière des femmes victimes de violence, le 23 décembre 2019 à l’Institut Royal de Police de Kénitra. De gauche à droite : Mme Najet Jaouadi, Formatrice et directrice de la coordination régionale à la Direction Générale de la Sécurité Publique en Tunisie, M. Mohammed Zakaria, Directeur de l’IRP, M. Mohamed Dkhissi, Directeur de la Police Judiciaire, Mme Leila Rhiwi, Représentante du Bureau Multi-pays ONU Femmes Maroc. Photo: © ONU Femmes

Le Directeur de la Police Judiciaire, M. Mohammed Dkhissi, a à cette occasion réitéré l’engagement de la Direction Générale de la Sûreté Nationale à inscrire la prise en charge des femmes victimes de violence parmi les axes d’intervention prioritaires de son département et a également profité de cette opportunité pour annoncer la prédisposition de la Direction Générale de la Sûreté Nationale à mettre en œuvre des moyens technologiques novateurs pour la lutte contre les violences faites aux femmes. La Représentante de l’ONU Femmes, Mme Leila Rhiwi, a quant à elle rappelé le rôle crucial de la police « pour accompagner ces femmes à ne plus avoir peur, à ne plus avoir honte des violences qu’elles ont subies et à oser prendre la parole pour dénoncer ces actes inacceptables » et a remercié la DGSN pour son engagement exemplaire en faveur d’une meilleure prise en charge des femmes et des filles victimes de violence au Maroc.

L’objectif de ces formations est de donner accès à des services essentiels de qualité aux victimes de violences qui sont déjà dans une grande vulnérabilité tant psychologique que physique en renforçant les capacités des fonctionnaires de la DGSN en matière d’accueil, d’écoute et protection des femmes et filles victimes de violence. 

Les formations ont été organisées dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Prévention, protection et réponse aux violences faites aux femmes et au filles au Maroc » financé par le gouvernement du Canada.