Aujourd’hui, les femmes demeurent minoritaires dans les carrières STEM et l’éducation qui s’y rapporte. En effet, elles ne représentant que 28 % des diplômés en ingénierie, 22 % des employés dans la filière Intelligence artificielle et moins d’un tiers des effectifs du secteur technologique dans le monde. Sans une présence accrue des femmes dans ces domaines, leur part dans le développement des technologies, de la recherche, des investissements et des politiques restera extrêmement limitée. Des problèmes similaires sont observés pour ce qui est de leur accès à des carrières à croissance rapide et bien rémunérées – où les inégalités sont aggravées par le fait que, à mesure que l’innovation technologique et numérique bouleverse les industries, les femmes seront les premières à perdre leur emploi.
Les stéréotypes, quant aux personnes qui seraient ou ne seraient pas faites pour les domaines STEM, font que les filles sont dissuadées de se lancer dans ce type de carrières. De telles croyances alimentent une spirale sans fin : faute d’être encouragées à s’engager dans les filières technologiques, les filles finissent par ne jamais acquérir les connaissances nécessaires, ce qui leur fait perdre tout intérêt.
Et celles qui sautent le pas et suivent des études technologiques sont souvent confrontées à un environnement très hostile, à des écarts de salaire importants (21 %) et à des offres d’avancement notablement plus faibles (52 femmes pour 100 hommes). Près de la moitié (48 %) déclarent avoir été victimes de harcèlement au travail. Et une proportion inquiétante de celles-ci, 22 %, disent envisager de quitter leur emploi en raison du traitement qui leur est réservé dans ce secteur.
Les efforts déployés dans le passé pour accroître la présence des femmes dans les filières STEM ont souvent porté sur leur soi-disant désintérêt pour ces métiers, plutôt que sur le système qui de fait les écarte. Cette démarche a en fait eu l’effet inverse à celui souhaité, alimentant l’idée que les femmes n’ont pas de réel intérêt ni de talent pour les secteurs STEM. Pour être efficaces, les solutions doivent viser à éliminer à la fois les facteurs qui poussent les femmes à abandonner les métiers STEM et ceux qui les empêchent de s’y intéresser au départ.
La fourniture d’un accès généralisé à une connexion à haut débit aux établissements scolaires, aux enseignants et aux élèves – et l’assurance d’une initiation au numérique pour tous les utilisateurs – permettra d’ouvrir aux filles des horizons dans les carrières STEM, en particulier pour celles issues de milieux moins favorisés. L’apprentissage au numérique offre de nouvelles possibilités d’adapter le milieu éducatif et les programmes d’études aux besoins des filles et des enfants provenant de segments marginalisés.
Il est également essentiel de travailler à l’élimination des préjugés fondés sur le genre dans les écoles, et de faire en sorte que les filles puissent être guidées par des tutrices dans les carrières STEM, auxquelles elles peuvent s’identifier. Et le fait de relier les disciplines STEM à d’autres disciplines – tout en mettant l’accent sur leur application aux défis sociétaux, ce qui, d’après les recherches actuelles, est un des principaux déterminants du choix de carrière des filles – peut également contribuer à stimuler l’intérêt des filles.
Pour aider les femmes à réussir sur un marché du travail en mutation, il convient de créer des programmes ciblés de requalification et de perfectionnement des compétences, en se concentrant en particulier sur les segments les plus à risque d’être laissés pour compte. Il est essentiel d’élargir la législation du travail pour que les transitions qui s’amorcent sur le marché du travail conduisent à améliorer la situation des femmes, plutôt que de simplement reproduire les inégalités existantes. Cela veut dire un salaire minimum vital aussi pour elles, des règlements contre la discrimination salariale et des systèmes de protection sociale qui atténuent, par exemple, les disparités entre hommes et femmes quant à la charge de soins non rémunérés.
3. Créer des technologies qui répondent aux besoins des femmes et des filles