Présentation des résultats de l’étude Femmes et Médias en Algérie
Le Ministère de la communication et ONU Femmes ont organisé, le 27 mars à Alger, un atelier de restitution des principaux résultats d’une étude sur la situation socio-professionnelle et la visibilité des femmes dans les médias en Algérie.Date:
Cette étude, qui s’inscrit dans le programme « Renforcement de l’effectivité de l’égalité entre les hommes et les femmes en Algérie » signé entre le Gouvernement algérien et ONU Femmes et soutenu par le Gouvernement de la Belgique, a associé plusieurs organes de la presse écrite, des médias audiovisuels publics et privés ainsi que des journalistes. Elle aborde deux grands axes d’analyse : la situation socioprofessionnelle des femmes au sein du Ministère de la communication et au sein des médias, le niveau de visibilité des femmes journalistes, ainsi que celui de la sensibilité au genre de la production médiatique. Ce dernier axe est basé sur une observation des programmes audio-visuels et de la production de la presse écrite au cours de l’année 2016.
En termes de situation professionnelle des femmes dans le secteur, les résultats de l’étude révèlent qu’au sein du Ministère de la communication, les femmes représentent 39% du total des fonctions supérieures, 72% des postes d’encadrement et 40% du total des effectifs d’exécution.
Dans les médias, le poids des femmes journalistes dans les effectifs représente, largement, plus du double du taux national des femmes dans la population employée, et ce quel que soit le média : presse écrite ou audiovisuelle dans les secteurs public ou privé. Elles constituent plus que la moitié des effectifs dans certaines radios et télévisions publiques : 60% à Canal Algérie, 50% de cheffes de rubriques à Dzair News et 52% de rédactrices en chef à l’ENRS. Dans la presse écrite, elles représentent globalement plus du 1/3 des journalistes avec un bon accès aux postes à responsabilité. On compte, à titre d’exemple, 70% de cheffes de département au sein de l’ENRS ; néanmoins, très peu sont celles qui occupent des postes de décision au niveau de la direction générale.
En termes de présence, les femmes investissent de nouvelles rubriques dans tous types de médias et le nombre de femmes auteures d’articles avoisine aujourd’hui les 40% (37% sur la presse arabophone et 44% sur la presse francophone). En revanche, le nombre de sujets traités sur des thématiques liées aux femmes reste faible même lors de la journée internationale des femmes (8 mars) ou bien la journée de lutte contre la violence faite aux femmes (25 novembre). En effet, dans la presse francophone, les articles consacrés aux droits des femmes connaissent une légère hausse durant ces dates, 14%, contre 12% le reste de l’année. Dans la presse arabophone, ces parts sont respectivement de 17% et de 14%.Les chaînes publiques accordent une meilleure place aux femmes journalistes, invitées ou sujet (Chaîne terrestre, 35 %, Canal Algérie, 36%) que les chaînes privées (Echourouk TV, 29%, Ennahar TV, 16%).
Dans son allocution d’ouverture, le Ministre de la communication Hamid Grine a cité « les avancées remarquables réalisées durant les 15 dernières années en matière de promotion de la contribution des femmes dans les dynamiques politiques, sociales et économiques du pays» et s’il constate que, dans le secteur de la communication, une bonne partie du personnel est constituée de femmes, il reconnaît que les postes de décision restent encore dominés par les hommes, mais que pour lui, l’accès des femmes aux postes de décision dans les médias n’est qu’une «question de temps ».
Le Coordonnateur Résident des Nations Unies en Algérie, Eric Overest, a quant à lui, rappelé que « la place des femmes dans les médias constitue un des 12 domaines critiques du programme d’action de la conférence de Beijing, durant laquelle les Etats ont convenu que le nombre de femmes présentes dans les médias devait augmenter, notamment à des postes décisionnels » et espère que « cette étude contribuera à renforcer l’intégration de la question genre par les responsables du secteur, mais aussi par les journalistes dans le travail quotidien ».
Pour Leila Rhiwi, Représentante d’ONU Femmes Maghreb , qui souligne l’importance du rôle des médias dans le façonnement des opinions, des attitudes et même des comportements, la promotion des valeurs de l’égalité dans les médias passe aussi par la réduction dans le discours et les images médiatiques des stéréotypes sexistes et autres facteurs de discrimination. Egalement présent à cet atelier, l'Ambassadeur de Belgique qui a déclaré que la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes dans les médias était une priorité pour le Gouvernement belge.
Les débats qui ont suivi la présentation des résultats de l’étude ont notamment confirmé la nécessité de réaliser une étude plus approfondie sur les stéréotypes dominants et récurrents diffusés dans les programmes. Dans le cadre du programme mené en partenariat avec ONU Femmes, le Ministère de la communication est également engagé dans un processus de sensibilisation des journalistes à la question du genre et de l’égalité entre les sexes en Algérie à travers un cycle d’ateliers démarré en novembre 2016, et qui se poursuivra tout au long de l’année 2017.