Amina: "Peut-être que la loi est enfin de mon côté cette fois-ci"

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Je n'aurais jamais pensé que ma vie en arriverait là. J'aurais aimé que notre famille reste unie. J'ai souvent pensé que je devais simplement abandonner cette bataille et accepter mon sort - vivre avec mon mari dans la même maison pour préserver notre famille plutôt que de subir la honte en tant que femme divorcée. Mais il était très violent. Il me menaçait constamment et me disait que la maison lui appartenait, et qu'il la vendrait et me jetterait à la rue. Ce n'était pas une vie.

Photo survivante de violence
Amina est l'une des 7,5 % de survivantes ayant porté plainte pour une affaire de violences conjugales. Photo : ONU Femmes/Mohammed Bakir

La maison était aussi la mienne, alors vendre les meubles était le seul moyen qu'il a trouvé pour se venger. Quand il a commencé à vendre tous nos meubles, je suis allée à la police pour la première fois pour déposer plainte. Il ne m'a pas laissé le choix.

J'ai toujours eu peur de la police. On entend des histoires de femmes qui se rendent au poste de police pour dénoncer leurs maris violents mais on leur dit « Vous le méritez ». J'ai des amies qui se sont rendues au commissariat avant la création des unités de prise en charge pour les femmes victimes de violence. C'était un cauchemar d'après ce que j'ai entendu. Elles ont dû attendre dans une pièce pleine d'hommes, se sentant vulnérables et jugées. Sur le chemin du poste de police, j'étais terrifiée. Et s'ils se moquaient de moi ou me critiquaient ? Après ce que j'ai vécu, la dernière chose que je voulais était de me sentir gênée, ridiculisée ou humiliée.

Heureusement, l'expérience s'est avérée bien meilleure que prévue. Une policière amicale et réconfortante m'a accueillie. Vous savez, il est toujours plus facile de parler aux femmes lorsqu'il s'agit de sujets sensibles. Pendant que j'étais là-bas, une femme blessée gravement au visage est arrivée au commissariat. La police a immédiatement appelé l'aide médicale, et elle a été transférée à l'unité des soins intensifs. Les unités de police pour les femmes victimes de violence fournissent aux femmes victimes de violence un cadre pratique, confortable et sûr. Je me sentais comprise et valorisée.

Les femmes sont souvent contraintes de renoncer à leurs droits. J'ai même pensé à abandonner mon travail à cause de la violence à la maison, mais je suis contente d'avoir décidé de reprendre le contrôle de ma vie, me permettant ainsi d’avoir plus confiance en moi. Même si le salaire est bas, un travail est valorisant et offre un statut social. Cela nous permet d’être indépendante. Mon travail m'a aidée à reprendre ma vie en main, ce que je n'aurais jamais cru possible. Il m'a permis de me sentir forte et autonome. Je me sens plus en sécurité maintenant, bien soignée et moins seule. Peut-être que la loi est enfin de mon côté cette fois-ci.

*Les noms et informations personnelles ont été modifiés pour protéger l'identité des personnes.

Le cas d'Amina a fait l'objet d'une enquête par la police et a été référé au tribunal. Une unité de prise en charge pour les femmes victimes de violence a coordonné son déplacement dans un refuge où elle réside actuellement en attendant l'audience du tribunal.

ONU Femmes Maroc, avec le soutien du gouvernement du Canada, soutient les secteurs de la justice, de la police et des services sociaux pour améliorer la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des services essentiels pour les femmes et les filles victimes de violence conformément aux normes et standards internationaux.

ONU Femmes, en collaboration avec l'UNFPA, le PNUD, l'ONUDC et l'OMS, ont élaboré un programme régional phare pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des filles dans les États Arabes afin de relier la recherche aux recommandations politiques, fournir des orientations pour adapter les normes internationales de prestation de services à la région et renforcer la compréhension et la collaboration inter-institutions dans des domaines tels que la prévention. Un élément clé de ce programme est le lancement récent du Manuel pour des services de police sensibles au genre aux femmes et aux filles victimes de violence. Ce manuel, déployé par ONU Femmes auprès des cadres intermédiaires de la police dans toute la région, donne des conseils pratiques et détaillés sur la manière de réagir lors de crises telles que la pandémie de COVID-19, de prévenir la violence contre les femmes et les filles dans les situations de conflit et de lutter contre la violence en ligne.