Reportage Forum du réseau des femmes parlementaires arabes
Une centaine de femmes parlementaires issues de 12 pays de la région MENA se sont réunies à l’occasion de la première grande conférence du Réseau des femmes parlementaires arabes pour l’égalité, Ra’edat, à Rabat le 9 et 10 février 2016.Date:
Retour en mots et en images sur les points importants de ce forum
Séance d’ouverture
La séance d’ouverture de la conférence a mis l’accent sur l’ambition du réseau Raedat de promouvoir la participation politique des femmes et démontrer son impact positif sur l’ensemble de la société.
Si certains pays se distinguent ont dépassé le seuil de 30% de femmes dans les parlements nationaux comme c’est le cas en Tunisie, en Algérie et au Soudan, d’autres accusent un retard considérable.
Rupert Joy, ambassadeur et chef de la délégation de l’Union Européenne au Maroc, a questionné l’assemblée : « Comment nos sociétés peuvent-elles atteindre la démocratie sans la représentation de la moitié de la population ? ». Ce défi est le même en Europe, en Amérique latine, tout comme dans la région des Etats arabes.
M. Mohammad Naciri, Directeur Régional de l’ONU Femmes pour la région des Etats arabes a souligné les défis actuels auxquels font face les pays arabes et qui selon lui « nous obligent à revoir nos priorités pour remettre sur l’agenda le droit des femmes ». Effectivement, Mr Naciri a rappelé les que des études récentes ont démontré qu’une meilleure participation des femmes est un gage de croissance, de développement et d’amélioration des conditions de vie.
Pour clôturer la séance d’ouverture, et avant de présenter le réseau Ra’edat, Mme Rula Al Farra Alhroob, Présidente du réseau Ra’edat, a illustré son combat pour l’égalité en partageant des anecdotes de son parcours personnel et a affirmé : « Nous nous réunissons ici pour affirmer que les femmes puissent accéder aux mêmes droits que les hommes, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux, sportifs ou sécuritaires ». Mme Al Farra a poursuivi en affirmant que si «les femmes ont toujours été absentes des décisions de guerre, elles ont toujours était là « pour en payer le prix ». C’est pourquoi, du Golfe à l’Atlantique, ces femmes parlementaires ont uni leurs efforts pour fédérer leurs capacités et déclarer la justice comme le slogan.
A la suite de cette séance d’ouverture, plusieurs autres rencontres ont été organisées autour de différentes thématiques.
Panel : « Intégration des questions de genre dans les parlements : comités sur l’égalité des sexes et groupes de femmes parlementaires »
Cette première session thématique en présence notamment de la chef de la Sectiondu leadership et de la gouvernance d’ONU Femmes, Begona Lasagabaster, et de deux parlementaires, Huda Sajjad Mahmoud et Naima Benyahia, respectivement iraquienne et marocaine, s’est conclue par plusieurs recommandations. Notamment il a été mis en relief l’importance du travail collectif des parlementaires au-delà de tout clivage idéologique, de l’exigence d’un plaidoyer continu en faveur de l’égalité et enfin de la nécessité pour les partis politiques d’investir dans le renforcement de capacités des femmes nouvellement élues.
Deux séances parallèles y ont ensuite succédé.
Panel : « Obstacles limitant l’accès des femmes aux parlements
Les participantes ont pu partager les évolutions nationales qu’ont connues leurs pays respectifs et témoigner de leurs expériences personnelles. En termes de défis fréquemment rencontrés et soulevés par plusieurs parlementaires: l’absence d’une véritable volonté politique, les lois et les systèmes électoraux, pensés initialement pour la participation exclusive d’hommes, l’image stéreotypée de la femme véhiculée par certains médias limitée à certains rôles au sein de la société, enfin, le financement des campagnes électorales a également été présenté comme un défi majeur à relever.
Panel « Renforcer le leadership des femmes dans les partis politiques »
Les intervenantes ont mis l'accent sur la nécessité d'une volonté politique claire au sein des pays arabes et l'adoption de mesures concrètes en faveur de l'égalité des sexes dans les nominations au sein des partis politiques. Elles ont notamment recommandé que des comités pour l’égalité et la parité soient institués au sein partis politiques. Par ailleurs, les mouvements politiques ont été appelés à s’investir au niveau national et régional afin de plaider pour l’égalité de genre et le renforcement des droits des femmes et de leur statut dans la société.
Panel : « Opportunités pour faire progresser la participation des femmes au sein des parlements dans les Etats arabes »
Cette première journée s’est conclue sur une séance de réflexion sur les opportunités à même de faire progresser la participation des femmes au sein des parlements dans les Etats arabes. L’une des grosses lacunes soulevées par Mme Sally El Mahdy, conseillère régionale sur la participation politique du Bureau régional de l’ONU Femmes au Caire, est le manque de recherches et d’analyses fines portant sur la participation des femmes au sein des parlements. Une opportunité soulignée par les participantes serait d’une part de produire de la connaissance sur les expériences des femmes et d’autre part d’en assurer un large partage afin de permettre du transfert des expériences réussies et des leçons tirées.
Panel : « Les quotas et autres mesures »
La séance portant sur « les quotas et autres mesures » a permis de mettre l’accent sur l’importance de l’instauration des quotas en tant que mesures affirmatives temporaires pour l’augmentation de la représentation des femmes. Par ailleurs, les participantes ont souligné l’idée que tout quota doit être adapté au contexte du pays afin qu’il soit efficace. Aujourd’hui, on dénombre 80 pays qui ont adopté une législation contenant l’imposition de quotas. Lors de cette séance, le témoignage d’une parlementaire bolivienne s’est révélé très instructif. Mme Betty Yaniquez Lozano a présenté la transition qu’a connue son pays en termes de reconnaissance des droits des femmes. Ainsi, la loi contre la violence faite aux femmes ne permet pas à un homme de se présenter s’il a des antécédents de violence. Ces lois ont permis aux femmes d’atteindre une représentativité et un leadership importants au sein de la sphère politique bolivienne.
Panel : « Bonnes pratiques dans l’établissement de réseaux nationaux, régionaux et mondiaux »
Modération de Mohammed Naciri, Directeur Régional, ONU Femmes, Bureau régional pour les États arabes
Intervenantes : Milouda Hazeb, Membre du parlement, Maroc ; Ebtisam Hejres, Membre du bureau exécutif du réseau Ra’edat, Royaume de Bahraïn ; Boriana Jonsson, Directrice Exécutive, Initiative Féministe Euromed, Suède ; Dr Päivi Räsänen, Membre du Parlement, Finlande
Lors de la séance portant sur les bonnes pratiques en matière de réseautage aux niveaux national, régional et mondial, Mme Ebtisam Hejres, membre du bureau exécutif de Ra’edat a souligné l’importance du réseautage : « La mise en réseau est une force et un moyen […] ainsi qu’une école pour lutter contre l’égoïsme ». Elle permet un travail collectif dépassant les idéologies partisanes et excluant toute forme de concurrence entre les parlementaires.. Mohammad Naciri, directeur régional d’ONU Femmes, a rappelé que « les droits des femmes et les droits humains sont indissociables ».
Panel : « Les femmes parlementaires et les médias : des moyens d’établir des partenariats efficaces »
Une dernière séance a ensuite porté sur le lien entre les femmes parlementaires et les médias afin d’établir des partenariats efficaces. Quatre journalistes, de la BBC Arabe, de France 24, d’Al-Arabiya et de 2M ont répondu aux questions de l’assemblée. Il en est ressorti que les médias constituaient des partenaires essentiels afin notamment de corriger les stéréotypes négatifs à l’égard des femmes encore trop souvent véhiculés.
Panel : « Aller de l’avant et séance de clôture »
La séance de clôture a été tenue en présence notamment de Mme Maria-Noël Vaeza, directrice des programmes à ONU Femmes. Mme Maria-Noël Vaeza a souligné l’importance de l’intervention des femmes en politiques, et félicité les participantes sur leurs énergie et disposition à trouver un consensus, indépendamment de leurs différences personnelles ou politiques. Cette disposition est particulièrement précieuse dans des régions en quête de stabilité et d’apaisement des conflits. Maria-Noël Vaeza a ensuite remercié le royaume du Maroc, pays hôte de cette conférence, avant de saluer les parlementaires du réseau Ra’edat, pour ce qu’elles ont d’ores et déjà accompli et pour ce qu’elles s’apprêtent encore à réaliser.
Photos: ONU Femmes/Kimja Vanderheyden