Où je me tiens : Daouya Feriel Achir

Du haut de ses 24 ans, cette jeune diplômée en sociologie est une grande passionnée de photojournalisme et de vidéo. Elle a réalisé « Les aventures d’El makhlouqa » lors de la résidence d’arts visuels organisée par ONU Femmes en partenariat avec le ministère de la Culture et l’Agence Algérienne pour le rayonnement Culturel du 15 au 24 février 2018. Cette résidence a constitué pour elle une nouvelle expérience qui a bousculé ses règles. Elle qui avait l’habitude de travailler seule et dans un espace fermé pour ne partager son travail qu’une fois achevé s’est vue suivre une démarche différente dans un environnement propice à la réflexion collective et au partage.

Date:

Feriel_Achir_residence_artistique
Photo: ONU Femmes / Artissimo

Pendant cette résidence, j’ai tout fait autrement. J’ai commencé par la fin, par partager mes idées et mes créations. Tout au long du chemin, c’était partage et questionnements. Une expérience nouvelle, vivante et assez spéciale. C’est aussi la première fois que j’ai pu travailler sur la thématique de l’égalité, que j’ai été déconnectée de mon environnement pour me concentrer, avec d’autres artistes, sur cette question. Au départ, ça a été difficile pour moi car je n’étais pas habituée à travailler dans de telles conditions mais j’ai vite apprécié l’ambiance.

Dans « Les aventures d’El makhlouqa », le choix du mot en arabe qui signifie créature n’est guère anodin car il désigne une femme sans aucune connotation particulière ; et c’est ça, les femmes sont avant tout des êtres vivants, des créatures. Dans ma vidéo, El makhlouqa est une sorte de Wonder Woman, une héroïne féministe. J’ai reconstitué l’histoire, écrit le scénario et utilisé le dialecte algérien. J’ai tout fait à ma façon car c’est important pour moi de dire les choses à ma manière, qui, en quelques mots, consiste en une image plus forte que la parole et dont l’impact visuel peut être extraordinaire.

La cause des femmes m’interpelle à plus d’un titre et il est indispensable de réfléchir sur cette question qui reste d’actualité malgré nous. Avec l’art, on peut aborder plusieurs problématiques avec l’humour. J’aime ça, faire rire et pousser la réflexion plus loin. Les vidéos sont un excellent moyen de transmission. Elles marquent l’esprit et les gens se rappellent des images incrustées.

Si nous voulons changer les conditions de vie des femmes, c’est à la maison qu’il faut commencer. C’est la première institution culturelle qui éduque, qui transmet, à travers l’éducation des enfants, les valeurs et les représentations collectives.