Fadoua el Filali : "Nous sommes là pour la servir et faire respecter ses droits"

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Fadoua el Filali est responsable de la cellule de prise en charge pour les femmes victimes de violences au tribunal de première instance de Salé. Elle aide depuis de nombreuses années les femmes victimes de violences à accéder à la justice et à d'autres services essentiels. Récemment, elle a travaillé pour trouver de nouveaux moyens d'atteindre et d'aider les femmes pendant la pandémie de la COVID-19.

Fadoua El Filali
Fadoua el Filali, responsable de la cellule des femmes victimes de violence au tribunal de première instance de Salé. Photo : ONU Femmes/Mohammed Bakir

"C’est un combat. Pour le gagner, nous devons utiliser toutes les ressources disponibles et travailler avec tout le monde - la police, les prestataires de soins de santé, l'Entraide Nationale, les autorités locales et les organisations de la société civile. Nous devons coordonner constamment pour assurer la sécurité des femmes. Nous sommes amené.es à communiquer, partager nos expériences et continuer à améliorer nos services d'intervention. Nous ne pouvons pas gagner ce combat seul.es.

Parfois, il est bénéfique de partager des histoires communes, des sentiments et de parler des différents cas avec d'autres personnes. Les formations et les ateliers nous permettent d'acquérir des outils, des techniques et des compétences pour mieux répondre aux besoins des survivantes de la violence. Ces formations nous permettent également de rencontrer nos collègues pour partager nos expériences, nos connaissances et apprendre les uns des autres. Cela nous aide à constituer le dossier judiciaire le plus solide possible et à discuter des ressources potentielles dont nous disposons.

Ce que nous craignions le plus, est le cycle répétitif de la violence et voir la même femme venir chez nous à différentes reprises. Les conséquences que je vois chez les femmes survivantes sont énormes et profondément enracinées. Pour briser ce cycle vicieux, nous devons mettre en place tous les services essentiels à la disposition des survivantes afin qu’elles se rétablissent. Nous devons les aider à s'autonomiser sur le plan économique et veiller à ce qu’elles bénéficient d’un suivi psychologique et que l’agresseur soit puni. C'est la seule façon de mettre fin à ce cycle.

La pandémie de la COVID-19 nous a permis d'évaluer ce que nous faisons et ce que nous pouvons améliorer. Elle a également permis au Bureau du Procureur Général de trouver des moyens innovants pour que toutes les femmes et les filles victimes de violences aient accès aux services judiciaires. Nous avons publié en ligne les contacts des tribunaux et des cellules pour les femmes victimes de violences, et nous avons mis en place une ligne d'assistance téléphonique et un numéro WhatsApp accessible à toute heure. Nous avons également créé des plateformes en ligne pour que les femmes puissent déposer plaintes afin de pouvoir intervenir rapidement et efficacement.

Pendant le confinement, le téléphone n'a pas cessé de sonner et nous avons reçu de nombreux cas via des plateformes électroniques. Grâce à la coordination avec diverses institutions et organisations de la société civile, nous avons aidé plus de 60 femmes à accéder à des refuges depuis le début du confinement en mars 2020.

Je me sens la plus heureuse quand la survivante me rassure en me disant qu'elle est en sécurité et qu'elle a reçu les soins auxquels elle a droit et dont elle avait besoin ou quand je vois des femmes survivantes protégées, judiciairement et économiquement indépendantes. Nous sommes ici pour les servir et pour faire respecter leurs droits. On nous a confié la responsabilité de veiller à ce que les femmes victimes de violences reçoivent un soutien de qualité. Nous voulons mettre fin à la violence.

ONU Femmes Maroc, avec le soutien du gouvernement Canadien, les secteurs de la justice, la police et les services sociaux pour but d'améliorer la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des services essentiels pour les femmes et les filles qui subissent des violences, conformément aux normes et standards internationaux.

ONU Femmes, a élaboré un programme régional pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des filles dans les États arabes, en collaboration avec l'UNFPA, le PNUD, l'UNODC et l'OMS, afin de lier la recherche aux les recommandations politiques, de fournir des conseils pour adapter les normes internationales en matière de prestation de services à la région, et de renforcer la compréhension et la collaboration inter-agence dans plusieurs domaines tels que la prévention. Un élément clé de ce programme est le lancement récent du Manuel pour des services de police sensibles au genre aux femmes et aux filles victimes de violence. Ce manuel, déployé par ONU Femmes auprès des cadres intermédiaires de la police dans toute la région, donne des conseils pratiques et détaillés sur la manière de réagir lors de crises telles que la pandémie de COVID-19, de prévenir la violence contre les femmes et les filles dans les situations de conflit et de lutter contre la violence en ligne.