Saliha Najeh : "En tant que policier.es, il y a des valeurs et des principes fondamentaux auxquels nous devons obéir. Mais nous nous devons avant tout d’être humains."

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Saliha Najeh, Cheffe de l'Unité de Prise en charge des femmes victimes de violence relavant de la Préfecture de de Police de Casablanca s'est engagée à faire de son unité un lieu sûr pour les femmes et les filles qui subissent des violences dans toute la ville.

Saliha Najah
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"Le plus grand défi est d'aider la survivante à se libérer de la peur qui la ronge et à me raconter son histoire. Il lui faut beaucoup de courage pour venir nous voir, et il lui faut encore plus de courage pour me dire ce qu'elle a vécu. En tant que Cheffe de l’Unité de prise en charge des femmes victimes de violence, je dois apprendre à gérer le silence et à donner le temps nécessaire à la victime pour qu’elle se sente en sécurité et à l'aise afin qu’elle puisse se livrer.

Lorsqu'elle (la victime) dévoile son histoire, je dois être très attentive à ce qu'elle dit et à ce qu'elle ressent. J'ai besoin qu'elle me fasse confiance et qu'elle se sente sufisamment à l'aise avec moi pour pouvoir tout me raconter. J'ai besoin de tous les détails pour mener une enquête, notamment pour les cas de viol et autres types de violences sexuelles.

Je garde toujours gravé dans ma mémoire à tout jamais le souvenir de cette adolescente amenée à l'unité par l’aîné de sa famille. J'ai passé toute la journée avec elle, et après un long silence, elle m'a raconté son histoire. Elle avait été violée alors qu'elle n'avait que huit ans. Elle a refusé de révéler l’identité de l’agresseur, qui s'est avéré être son père. Je l'ai aidée à comprendre que ce qu'il lui avait fait constitue un crime. Elle a porté plainte contre lui, et l'affaire a été jugée plusieurs années plus tard. 

Ma mère est ma source d’inspiration. En tant que militante pour les droits des femmes et survivante de violence, elle m'a donné la force et la détermination pour travailler avec les survivantes. Lorsque j'étais encore à l'Académie Royale de Police, il y a eu une campagne de recrutement pour l’Unité de Prise en charge des femmes victimes de violence. J'ai été immédiatement désignée cheffe de police de l'unité à Casablanca. Tout le monde savait, y compris moi-même, que c'était mon destin.

Dans le cadre des formations continues dispensées par la Direction Générale de la Sûreté Nationale, en partenariat avec ONU Femmes, j’ai pu enrichir mes connaissances. Chaque formation a renforcé ma capacité à répondre aux besoins des survivantes de la violence.

En tant que policiers et policières, il existe des valeurs et des principes obligatoires auxquels nous devons obéir, comme la neutralité. Mais avant tout, nous devons être humains. Lorsqu'une femme traumatisée est devant nous, nous devons faire preuve d'empathie et l’aider à se sentir en sécurité. C'est une valeur humaine que nous apportons dans notre travail. Je m'engage pleinement à travailler avec les survivantes de la violence et à leur rendre justice."

ONU Femmes Maroc, avec le soutien du gouvernement Canadien, les secteurs de la justice, la police et les services sociaux pour but d'améliorer la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des services essentiels pour les femmes et les filles qui subissent des violences, conformément aux normes et standards internationaux.

ONU Femmes, a élaboré un programme régional pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des filles dans les États arabes, en collaboration avec l'UNFPA, le PNUD, l'UNODC et l'OMS, afin de lier la recherche aux les recommandations politiques, de fournir des conseils pour adapter les normes internationales en matière de prestation de services à la région, et de renforcer la compréhension et la collaboration inter-agence dans plusieurs domaines tels que la prévention. Un élément clé de ce programme est le lancement récent du Manuel pour des services de police sensibles au genre aux femmes et aux filles victimes de violence. Ce manuel, déployé par ONU Femmes auprès des cadres intermédiaires de la police dans toute la région, donne des conseils pratiques et détaillés sur la manière de réagir lors de crises telles que la pandémie de COVID-19, de prévenir la violence contre les femmes et les filles dans les situations de conflit et de lutter contre la violence en ligne.